
3 fois forgé 6 : mes deux forges
On est dimanche, il pleut, j’en profite pour parler plus en détails de ma participation au défi 3 fois forgé. D’ailleurs, si vous ne savez pas ce qu’est le défi 3ff, je vous invite à lire mon article à ce sujet : Défi 3 fois forgé 6
Pourquoi participer à ce défi ?
C’est la première année où je participe. Et ce n’est que ma deuxième participation à un défi de création de JDR. Ce défi est avant tout une expérience créative pour moi. Ma principale ambition est d’apprendre d’autres auteurs, de découvrir des inspirations, des façons d’aborder un jeu, d’être bousculé et devoir sortir des sentiers battus.
En amont du concours
Les quelques semaines avant le concours, je trépignais d’impatience. Je n’avais qu’une envie, fournir ma première forge et découvrir la suite, être surpris. Bon, on ne va pas se mentir, il y avait aussi de l’anxiété, plonger dans l’inconnu, ne pas savoir à quelle sauce on va nous manger. En y repensant, le pic de « l’angoisse » a été quand j’ai débarqué sur le discord de ptgptb, et que j’ai commencé à reconnaître des pseudos de créateurs dont je suis attentivement les blogs. À ce moment, je me suis dit : « Ah ouais, y a du lourd, du très lourd ». Puis, enfin, le concours est lancé, et je me lance dans la première forge.
La première forge : BABEL
J’ai attaqué la première forge assez sereinement. Le plus « dur » a été de choisir le concept que j’allais poser, que j’allais confier aux auteurs suivants. J’avais une multitude d’idée, de projets traînant quelque part. Il fallait faire un choix, et c’était le plus dur, j’avais envie de voir ce que pouvait devenir chacun de mes concepts dans les mains de deux autres auteurs. Et finalement, j’ai fait un nouveau concept, c’est ainsi qu’est né Babel.
« Si on vous demandait de vendre votre âme pour accomplir votre vœu le plus cher, vous refuseriez. Et vous auriez raison. Mais si je vous disais qu’il existe un endroit sur Terre où votre vœu le plus cher pourra être exaucé ? Une Tour accessible seulement à quelques élus. Une Tour remplie de rêves et d’espoir. Une Tour qui offre à ceux qui atteignent son sommet la réalisation d’un vœu… Et ce, quel que soit le vœu… La paix dans le monde ? L’immortalité ? La richesse ? Ramener un être aimé à la vie ? La Tour l’exaucera. »
Bienvenue dans la Tour.
Le concept est assez simple, une tour mystique est apparu sur Terre invitant les humains à grimper jusqu’à son sommet afin de se voir exhausser un vœu. Un seul et unique vœu, quel qu’il soit. Il y a deux idées que je voulais voir émerger.
La première est de mettre le joueur face à ses choix, face à ce qu’il est à accomplir ou non pour accéder au sommet. Choisira-t-il de tuer tout ceux qui sont sur son chemin ? Au contraire, tendra-t-il la main à ceux dans le besoin, au risque de voir son ascension ralentie ? La notion de la perte de son humanité est centrale, je n’ai juste pas réussi à trouver un système de la représenter de façon insidieuse. J’avais une scène précise en tête, le personnage qui un matin, se regarde dans la glace et réagit qu’il a abandonné, quelque part dans la tour, une partie de son humanité. Il ne s’en était pas rendu compte, c’était insidieux.
La seconde est de voir l’idée d’avoir un 4e mur brisé. Comprenez par là que la fiche personnage (les attributs, PV, inventaire) est une partie intégrante du jeu. Le personnage interprété a accès à un système qui lui permet de consulter ses stats. Le personnage évolue dans un système qui est un jeu dans le JDR. C’est JDR qui évolue dans un univers isekai en résumé (le genre isekai).
Bref, j’ai hâte de découvrir à la fin du concours, ce qu’est devenu Babel.
La deuxième forge : APOTIA-1
La première forge fut rendue, la deuxième arriva. Moi qui voulais être bousculé, j’ai été servi, avec un supplément. Ma première réaction a été de me dire que je n’allais pas réussir à faire de deuxième forge. J’avais entre les mains un jeu en post-apo avec une introduction simple et facile : survivre, découvrir la raison de l’apocalypse et si possible l’annuler. Et des règles, beaucoup de règles. L’auteur m’a vraiment impressionné sur la construction des règles. Qu’est-ce qui m’a bloqué ?
- Un JDR sans lore, comprenez par là, que c’est un JDR à l’image de l’excellent Sombre. On est dans un monde post-apo, la raison de l’apocalypse est inconnu des joueurs. On peut très bien prendre Fallout ou Walking Dead. Personnellement, le lore, l’univers est important pour moi, c’est mon engrais.
- Un système de règle qui est aux antipodes de ce que je connais et sais faire. Un système de règle qui a souffert de la limitation de caractères de la première forge. Et j’insiste vraiment sur le fait que l’auteur a fait un travail remarquable, d’autant que résumer un concept de règles, de manière le complet possible, est un exercice extrêmement dur. À titre d’exemple pour Babel, j’ai proposé une base modifiée de règles tirée du SRD Year Zero Engine.
- Le post-apo est un genre avec lequel je n’ai quasiment pas d’accointance.
J’ai passé une semaine pour essayer de compléter, à m’approprier la forge sans grand succès. Et plus le temps passait et moins je n’y arrivais. Au final, j’ai décidé d’appliquer l’une des règles du concours, extraire les idées clé et refaire une forge. J’isolai le concept de survivre en groupe et de découvrir ce qu’il s’était passé. Ainsi, mon idée passa du post-apo au catastrophique. L’apocalypse était en cours, un groupe devait découvrir ce qu’il se passait et survivre. Mais rapidement, je me suis retrouvé à imaginer un Sombre, mais version films de catastrophe. Et le but du concours n’est pas de faire une extension d’un JDR déjà existant.
Finalement, l’idée m’est apparu hier. Les joueurs interprètent un groupe de survivants, appelé le Groupe. Ils n’ont pas de personnages propres, ils sont un groupe et doivent le gérer afin de surmonter les épreuves. Ils seront tour à tour Guide et Conseillers. Les joueurs devront collaborer afin de permettre au Groupe de survivre à la catastrophe apocalyptique qui se produit. Ainsi, le groupe est une entité indénombrable, il a une cohésion, une masse et une mobilité. Plus le groupe est important plus il sera difficile de le mouvoir. Plus les joueurs se prendront la tête, se feront des crasses pour diriger le groupe dans une phase de jeu et plus le groupe perdra en cohésion. Cette dernière augmentera la difficulté des actions. Enfin, la masse représente des PV, au fur et à mesure des morts, des disputes ou autres raisons, le groupe perdra en masse, quand la masse atteint zéro, le Groupe n’a pas survécu. Voilà sommairement, l’idée que je dois maintenant rédiger et ce dans le temps imparti (le temps file vite et je suis là assis à rédiger un billet…).
En conclusion, l’expérience est intense et passionnante. Je pense qu’APOTIA aurait pu être mieux traité par un auteur plus expérimenté. Et j’aurais aimé le voir en sortie de troisième forge. Cependant, il m’a permis de sortir des sentiers battus, et je n’aurai jamais eu l’idée du Groupe sans cette forge. Assez bavasser, je file rédiger ma 2e forge. On se revoit quand elle sera terminée.